Une mission de prospection transformée en projet de sauvetage

Au départ nous sommes parti explorer la région de Kwilu-Ngongo et de Kimpese pour y étudier les possibiltés des visites touristiques. C’était du 13 au 16 juin 2021. L’équipe dirigée par Mme P. Liwoto et composée de Angie Eloma, Michel Ntela et le Dr Kevin Lelo. L’idée était simplement d’examiner les potentialités touristiques. Nous n’avons pas été déçus sur les possibilités qui existent. Nous avons trouvés des grottes inconnues du grand public, les chutes de Vampa, les plantations de canne à sucre de la Compagnie sucrière de Kwilu-Ngongo ainsi que les plateaux de Lovo, où il existe des nombreuses peintures rupestres. Celles-ci font actuellement l’objet d’une préparation à la demande de classement au patrimoine de l’UNESCO. Nous avons été étonnés que les villageois de la région ne soient pas associés à ce projet. A la fin de cette mission, nous avons décidé d’agir afin d’aider cette population rurale dans les projets d’agroforesterie, et pas seulement le tourisme.

 

Un contraste criant entre le potentiel économique ou touristique de la région et la misère de la population

Autant vous êtes émerveillés par la beauté du paysage et par la présence le potentiel de la région, autant vous êtes choqués face au dénuement des habitants des villages environnants.

Par exemple, les grottes de NTADI que nous avons explorées (et ajoutées sur Google Maps)  juste à l’entrée, gardent leurs secrets. Car, de toute évidence, pas grand monde ne s’y est aventuré. Nous avons pu observer des poissons dans les fonds de cette eau translucide. Notre guide local nous dit que cette rivière est souterraine et que personne ne connait la source de cette eau, ni la profondeur maximale. Avis aux spéléologues qui veulent découvrir ce qui s’y cache. Cet endroit peut drainer un flot de visiteurs et ainsi créer des activités connexes autour du tourisme.

Cela peut aller au-delà des simples visites. Les investisseurs peuvent venir coloniser ces terres fertiles, autour des plantations des cannes à sucre. Ils peuvent installer des unités de transformations des nombreux produits agricoles qui pourrissent sur place faute de débouchés.

 

Vue des grottes NTADI , situées près du poste 8 de la Compagnie sucrière de Kwilu-Ngongo

La source de cette eau est inconnue. La profondeur aussi n’est pas connue. Des poissons y vivent. Nous ne savons pas si les biologistes les ont déjà identifiés.

Crédit photo : © PROFFAC/Mikhael NTELA. 

 

 

Un rocher comme il y en a nombreux autour du massif de Lovo © PROFFAC 2021

Le massif de LOVO cache des secrets historiques du Royaume Kongo

Les vestiges du Royaume Kongo qui a connu sont apogée au Moyen-âge, sont laissés un peu partout entre les territoires actuelles du nord de l’Angola, du sud-ouest de la République Démocratique du Congo et du sud de la République du Congo. C’est dire que les nombreuses peintures rupestres qu’on trouve encore aujourd’hui dans des nombreuses grottes entre Mbanza-Congo et les territoires au nord et Kimpese ont toujours été là. Les chefs de villages actuels font des cérémonies rituelles dans ces cavités. Ces territoires ont toutefois perdu leur splendeur.  L’activité est très réduite. Il n’y a pas d’usine, ni de manufacture. Même l’artisanat y a presque disparu.

Les occidentaux, après les premiers passages signalés dès 1450 par les portugais, commencent à venir en nombre vers les années 1840.    Les premières images du massif de Lovo datent de 1896 et sont visibles au Musée de l’Afrique Centrale, à Tervueren, en Belgique. Nous avons pris les photos de quelques grottes gardant jalousement les peintures rupestres, sans pour autant entrer à l’intérieur à raison de la présente des herbes hautes aux entrées.  Le chef du village nous a demandé de revenir en septembre. Car, ils vont désherber les entrées pour permettre aux « touristes » d’entrer. Il s’agirait des touristes qui viennent régulièrement dans la région. 

Après renseignements pris auprès du chef du village près du Poste 8 de la Compagnie Sucrière, il s’agirait du chercheur qui a défendu sa thèse en 2014 sur ce massif. Nous leur avons parlé des études du chercheur et des images des peintures vues sur internet, ils ont répondu de ne pas en être au courant.

Plus tard nous avons écrit au chercheur en question pour expliquer que nous souhaitons créer des activités touristiques et agro-pastorales pour faire bénéficier des revenus pour les habitants de ces territoires.  Nous lui avons également demandé l’autorisation de publier ses images déjà visibles en ligne. 

Grand était notre étonnement lorsque le chercheur nous a répondu sèchement qu’on ne pouvait pas toucher à ces peintures, car elles faisaient l’objet d’une procédure de classement au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Nous lui avons alors répondu également sèchement que ce patrimoine appartient bien au descendants de ceux qui les ont légué. Notre but est de créer de la richesse pour les habitants démunis de cette région. Les habitants qui ignorent complètement que les peintures rupestres de leurs ancêtres sont dans la procédure de classement. Nous désapprouvons cette manière des scientifiques de faire. Ils trouvent des choses qui ont un sens et veulent les « cacher » aux locaux. C’est alors que ces gens vivent dans le dénuement total. 

L’ exploitation intelligente des richesses patrimoniales ancestrales n’est pas un pêché,  si cette dernière bénéficie à la population tout en ne les détruisant pas. On connait l’exemple la grotte de Lascaux en France, par exemple. Son classement au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1979 a provoqué un afflux de touristes venus admirer les peintures rupestres. Ces dernières commençaient à s’abimer à cause de cette présence massive. Les autorités locales et les scientifiques ont trouvé la solution en créant une réplique. Ainsi les touristes venaient voir la réplique identique reproduite à des fins touristiques et didactiques. Contrairement aux habitants du massif de Lovo, ceux de la commune de Montignac-Lascaux ont tout de suite été mis au courant de l’existence de la grotte de Lascaux et de son trésor caché.

En toute responsabilité nous allons faire passer l’information aux populations isolées du massif de Lovo de l’existence des peintures rupestres. Nous comptons les associer à tout ce qui se fait ou va se faire sur cette richesse. Quitte à profiter des revenus qui seront générés par des activités à créer autour de la zone.

 

Perspectives d'amélioration des conditions de vie dans la zone Kwilu-Ngongo Kimpese

Ces manguiers ont été plantés par les élèves d'une école de Kimpese et constitue aujourd'hui une belle forêt où les fruits pourrissent sur les arbres
Pont de liane sur la rivière Vampa, près de Kimpese
Vue de la piscine de la Compagnie Sucrière de Kwilu-Ngongo

De tout ce qui a été vu lors de notre exploration de la contrée située entre Kwilu-Ngongo et Kimpese, deux domaines offres des réelles perspectives immédiatement. Il s’agit de l’agro-industrie et le tourisme vert.

En effet,  autour des grandes plantations de canne à sucre exploitées par la Compagnie Sucrière, des vastes terres agricoles pratiquement inexploitées sont présentes. Il existe également quelques vergers autour des villages. A Kimpese, près des chutes de Vampa, une grande forêt de manguiers est présente depuis des décennies. Le fruits pourrissent sur les arbres, faute de débouché ou d’outil de transformation.

D’autre part, le pays offre  des paysages riches et variés avec la présence de  nombreuses grottes à visiter et des curiosités hydrologiques. C’est le cas des chutes de Vampa qui  méritent d’être connues et visités. Le dépaysement est garanti pour les touristes. 

Pour héberger les visiteurs, il est nécessaire d’augmenter les offres d’hébergement. A Kwilu-Ngongo nous recommandons toutefois, l’hôtel Classico qui offre des conditions acceptables. Il existe également un hébergement de la compagnie sucrière. Mais ce guest-house est réservé aux clients de la Compagnie Sucrière de Kwilu-Ngongo. A Kimpese, il existe deux hôtels de bonne facture, mais une coopérative, VAMPA-NZIETOLO gérée par Mme Irène Muaka, offre des tentes pour loger les touristes qui viennent passer la nuit près des chutes.

L’autre priorité pour sauver cette population sinistrée est l’exploitation agropastorale de ces terres vierges et la création de l’industrie transformatrice des produits agricoles et pastoraux.

Rien que ces deux activité peuvent lancer un tournant dans la vie des gens de cette région. PROFFAC s’attèle à chercher des financements pour lancer cette révolution.

Ceci va ouvrir des perspectives pour les investisseurs. Le sol de cette région regorge de ressources en très grande quantité, pour la  fabrication du ciment. Il existe d’ailleurs trois cimenteries : à Kimpese, Lukala et Malanga. La région peut offrir des ressources pour la création de 4 ou 5 autres unités de productions plus grandes que ce qui existe aujourd’hui.

Notre plan d'action pour amorcer le changement

Nous menons de front la création des activités eco-touristiques ainsi que les projets agro-pastoraux dans quatre villages : Kinsangi, Lovo, Tumba et Buka. 

Dans un premier temps nous terminons la campagne de sensibilisation des populations de la région avec l’aide d’une radio locale. Dans un second temps les négociations avec les chefs de village afin de déterminer les limites des terrains à exploiter. 

Nous aurons besoin d’aide des experts extérieurs pour nous accompagner dans l’exécution de ces projets. Les dons de nos lecteurs sont les bienvenus également. Nous sommes une organisation environnementale reconnue en France. Nous donnons une attestation fiscales aux donateurs pour la déduction au impôts.

La production des produits à très haute valeur ajoutée est prévue, comme l’installation des unités de conservation des produits de l’élevage et de l’agriculture. Nous combinons également la formation et le soutien aux écoles techniques de la région.

En été 2022 nous organisons déjà les premières visites touristiques, avec  des circuits autour de Kwilu-Ngongo et Kimpese. Les touristes pourront visiter le lac mystérieux de Ngolonga, les grottes de Ntadi, les rochers du massif de Lovo, les usines de la sucrière, la vallée de la rivière Kwilu, les chutes de Lovo, les cimenteries de Malanga, Kimpese et Lukala.